Quelle fédération pour accueillir le MMA ?
Cette fois c’est sûr, le MMA arrive en France. C’est une certitude ! Madame la Ministre Roxana MARACINEANU l’a annoncé, la reconnaissance du MMA en France est imminente. Une consultation est entamée auprès de différentes fédérations sportives susceptibles de pouvoir héberger, encadrer et développer la discipline sur le territoire national. A ce stade, aucun choix n’est encore fait. Aussi nous vous proposons une réflexion sur les forces et les faiblesses des différents prétendants.
Une évolution rendue possible grâce à une volonté politique
Avant tout, il est important de signaler une chose : derrière une situation qui évolue dans quelque domaine que ce soit, il y a toujours des femmes et des hommes qui osent, des responsables qui possèdent quelque chose de plus et osent dépasser les lieux communs, les avis établis, les peurs et les jugements. C’est parce que nous avons la chance d’avoir eu ces responsables politiques qui ont fait l’exercice intellectuel de comprendre fondamentalement la nature de la discipline et de s’entourer de conseillers compétents que cette orientation a pu être prise. Alors au nom des pratiquants des sports de combat français : Merci Madame la Ministre !
Bien évidemment, à l’heure où nous rédigeons cet article, nous ne connaissons pas encore la fédération qui sera en charge de ce développement en France. Aussi nous vous proposons un tour d’horizon des différentes possibilités « d’atterrissage » du MMA sur le sol Français.
Les prétendants
La seule chose que nous pouvons situer sont les prétendants possibles : La Fédération de Kick Boxing et Muay Thai (FFKMDA) à coup sûr, La Fédération de Lutte (FFL) certainement, la Fédération de Judo (FFJUDO) peut-être. Certains évoquent même un intérêt de la part du Karaté et de la Boxe Anglaise.
Dans tous les cas cette attribution semble à priori complexe.
Alors, à qui faudrait-il donc attribuer la responsabilité du MMA en France et surtout sur la base de quels critères cette attribution devrait elle être faite ?
Evidemment c’est la deuxième partie de la question exposée ci-dessus qui est importante.
Le choix du mauvais critère entraînera le choix de la mauvaise structure d’accueil
Ce que nous pouvons d’ores et déjà dire à propos de ces critères, c’est qu’il serait déjà sage d’écarter les prétendants motivés par les mauvaises raisons.
Quelles pourraient être ces « mauvaises raisons » ?
A ne pas en douter, derrière ces trois lettres « M M A » se cache pour certains prétendants une appétence pour trois autre lettres, trois autres lettres synonymes d’événementiel, de droits tv et de sponsoring et donc bien évidemment d’un attrait financier avant tout. Tout le monde l’aura compris, ces trois autres lettres qui semblent drainer la convoitise sont le diminutif du fameux circuit événementiel « Ultimate Fighting Championship » plus connu sous le terme « U F C ».
Ce que nous voulons signifier par là c’est qu’il nous paraît évident d’écarter de cette attribution tout prétendant qui ne serait motivé que par l’aspect financier des choses. Ne considérer la discipline du MMA que sous l’angle financier ou juste comme une opportunité pour « se refaire une santé » reviendrait à renier l’existence du MMA en tant que discipline et surtout déjà condamner toute la partie « développement de la discipline » par manque de considération à l’égard de la pratique éducative et amateur. Bien au contraire, il s’agit justement de mettre au centre de cette décision la capacité à développer la pratique éducative et amateur notamment envers des publics d’enfants et de jeunes.
Et lorsque l’on parle de ces publics, il y a une chose que l’on doit considérer comme étant la priorité absolue : la sécurité !
Un enjeu prioritaire : celui de la sécurité
Si pendant des années le MMA a été interdit sur le sol français et dans bien d’autres pays, c’est justement pour des raisons de sécurité des pratiquants.
S’il y a un sujet qui doit arbitrer le débat, c’est donc bien celui de la sécurité.
Mais que recouvre donc cette notion de sécurité ?
Ne s’agit il que de la question de la sécurité des combattants professionnels ?
Ou bien cette notion de sécurité recouvre t-elle également d’autres sujets ?
En analysant la situation avec attention nous pouvons mettre en exergue quelques angles de vue incontournables et essentiels qui doivent absolument être considérés si l’on souhaite évaluer objectivement cette attribution potentielle sous l’angle de la sécurité.
Ces angles de vue sont les suivants :
- L’expérience du combat au KO
- La gestion du combat intégrant la phase debout et la phase au sol
- L’expérience d’encadrement de manifestations en présence d’un public important
L’expérience du combat au KO
S’il est un point sur lequel la sécurité est engagée, c’est bien sûr celui de l’expérience de la percussion et du combat au KO.
Evidemment la mauvaise prise en compte ou le manque d’expérience dans la gestion de ce critère est susceptible de pouvoir entraîner des conséquences dramatiques. Il est donc absolument nécessaire que la structure d’accueil choisie pour accueillir le MMA ait une véritable et longue expérience du combat incluant la notion de percussion pouvant aller jusqu’au KO.
Soulignons ici le fait que la maîtrise de la gestion d’un combat au KO ne s’obtient pas en seulement 4 ou 5 années. Il s’agit d’une véritable culture, qui doit être inscrite dans l’ADN de la pratique. Cela nécessite d’avoir formé depuis plusieurs années des Juges et Arbitres ayant eux même une réelle expérience de ce type de combats depuis de nombreuses années.
Il s’agit là de la prise en compte d’un élément majeur.
Sans cela nous risquons de mettre gravement en danger l’intégrité physique de beaucoup de jeunes gens.
L’expérience de la gestion du combat intégrant les phases de combat debout et au sol
Un autre point concernant la sécurité du pratiquant est relatif à l’expérience de la forme de combat total constitué de phase de percussion debout de type Muay Thai et de phase se déroulant au sol.
En analysant les combats actuels de MMA nous pouvons constater que près de 90% des combattants utilisent le Muay Thai pour la phase de combat qui se déroule debout. Le combat debout se résume donc souvent à du Muay Thai. Mais il serait injuste de vouloir enfermer la discipline dans un seul de ses compartiments sans considérer les phases au sol.
Et en y regardant de plus près, il existe une discipline qui peut être considérée comme l’ancêtre du MMA. Une discipline qui possède dans son ADN aussi bien la phase de combat debout que la phase de combat au sol. Une discipline dont l’origine remonte même avant Jésus Christ (600 ans avant JC). Nous voulons évidemment parler du PANCRACE discipline déjà pratiquée en France et dont la pratique a justement était bridée du fait de l’interdiction des frappes au sol. Finalement le PANCRACE c’est du MMA sans les frappes au sol.
La question qui se pose est donc : si les frappes au sol sont dorénavant légalement autorisées en France, qu’est ce qui empêchera le pancrace de les autoriser puisqu’elles sont prévues dans la discipline ?
A n’en pas douter, l’incarnation de cette aptitude à gérer le combat total est donc sans aucune hésitation à mettre au crédit du PANCRACE qui, une fois les frappes au sol autorisées en France, n’aura finalement plus aucune différence avec le MMA puisque le Pancrace intègre déjà le combat debout avec la notion de percussion, le corps à corps, l’amenée au sol et enfin la poursuite du combat au sol avec les immobilisations, les clés et les étranglements.
On peut finalement dire que si l’on fait exception des frappes au sol le MMA est finalement déjà enseigné depuis de longues années en France sous le nom de PANCRACE. A ce titre, l’expérience des encadrants de cette discipline acquise et le fonctionnement acquis tout au long de ces années raisonnent comme un gage de sécurité majeur.
L’expérience d’encadrement de manifestations publiques en présence d’un public important
Il existe un autre sujet lié directement à la sécurité. Un sujet qui mérite une attention toute particulière quant au choix de la structure d’accueil qui sera choisie. Il s’agit de bien s’assurer que cette structure possède une expérience dans l’encadrement et la gestion des manifestations pouvant faire se déplacer un public composé de plusieurs milliers de personnes. Evidemment, il est nécessaire de souligner ici qu’il existe une énorme différence entre le fait d’organiser une manifestation de type compétition fédérale composé d’un public dont la plupart est licencié et le fait d’organiser un événement pugilistique susceptible de drainer un public de plusieurs milliers de personnes pas forcément licencié et pas forcément auto-maîtrisé par un état d’esprit club. Il s’agit là de bien connaitre ce type de public et d’adapter son encadrement et sa gestion de la manifestation de manière à éviter tout type de débordements. La structure et l’encadrement doivent donc être forts et avoir l’expérience de ce type de manifestations pour ne pas se faire déborder.
L’aboutissement du travail de tous les pionniers :
Enfin, nous ne pouvons terminer cet article en rendant hommage à tous les pionniers qui ont œuvré pour leur discipline pendant de longues années. Ces pionniers qui ont sans répit travailler dans l’ombre avec abnégation et passion alors que leur discipline était souvent déconsidérée, vilipendée de toute part, interdite, mise à l’index, qualifiée de sports de « racaille » (comme le fut le Muay Thai en son temps…), et même de sport de « djihadistes »…
Si le MMA va bientôt pouvoir faire son entrée dans le monde du sport français, c’est aussi grâce eux.
Une grande partie de ces pionniers du MMA que nous saluons au passage se sont d’ailleurs réunis dans un collectif pour exprimer leur avis sur la potentielle attribution.