De grands boxeurs pour un grand BEST OF SIAM 6 !
Quel superbe BEST OF SIAM fut cette 6eme édition ! Peut-être même la plus belle jusqu'à présent... Les faits marquants ? Samy SANA aura été le plus fort face à Raphael LLODRA, il a remporté après une bataille intersidérale le combat de l'année ; quand il est dans les meilleures conditions, Azize HLALI est assurément un des tous meilleurs nak muay, la preuve il a battu SINGDAM Kiatmoo9 ; Bobo SACKO est le boxeur le plus fimeuu de France ; Yetkin OZKUL n'a pas réussi à prendre sa revanche sur SAENCHAI et est reparti avec une terrible blessure au nez ; on ne sous-estimera définitivement plus Yassine BOUGHANEM après sa victoire toute en contrôle sur Thomas ALIZIER. Bravo messieurs !
- SAENCHAI bat Yetkin OZKUL par arrêt de l'arbitre sur blessure (fracture du nez) dans la cinquième reprise
Assez vite le combat prend la tournure attendue : Yetkin OZKUL cadre de long en large SAENCHAI, cherchant l'anglaise à tout prix, tandis que SAENCHAI semble au départ s'amuser, puis accepte de jouer au jeu du chat et de la souris avec un adversaire à qui il ne manque pas d'asséner de temps à autres un bon direct bras arrière ou un middle dans les avant-bras. Cependant Yetkin OZKUL n'est pas là, on le sait, pour faire de la figuration. Il accepte le corps à corps quand le Thaï l'y mène, et ne manque pas de placer ses genoux. Les coudes ne sortent pas mais peu à peu la boxe des deux se délie et on assiste, dès le troisième round, à un vrai beau combat de Muay Thaï. SAENCHAI chambre un peu Yetkin OZKUL avec ses bonnes esquives - remises, il force quand il faut pour bien faire passer un high kick, mais ne s'aventure pas plus dans l'affrontement physique : Yetkin a des ressources et de bonnes jambes en réponse, et à mi distance il reste très dangereux en anglaise. Alors SAENCHAI va être malin, feinter sans fin, bien repousser en teep et combien de fois marquer avec ses middles, ses directs bras arrière et quelques genoux. Dès qu'il se permet de s'approcher en corps à corps, Yetkin OZKUL ne perd pas le Nord et tente de rentrer des genoux. En reculant et toujours dans cette petite danse que fait SAENCHAI en boxant, le Thaï assène un high kick au Turc qui fait se mettre à genoux ce dernier. Quand il se relève il découvre un nez fracturé et ouvert qui oblige l'arbitre à arrêter le combat là. Waouh !
- Azize HLALI bat SINGDAM Kiatmuu9 par décision partagée
Azize HLALI et SINGDAM vont faire beau jeu pendant les trois premiers rounds, chacun bloquant les middles de l'autre, et remisant tout de suite. Azize HLALI paraît bien affûté ce soir, très alerte, il ne prend quasiment aucun coup, et s'il a le malheur d'être touché il répond tout de suite avec célérité. Dans la quatrième reprise les esprits s'échauffent et le rythme s'accélère, si Azize enchaîne SINGDAM en anglaise après avoir bloqué un énième middle, le Thaï lui répond bien en cherchant le corps à corps et les genoux. Pas de temps mort entre ces deux nak muay fimeuu, cette belle joute riche en blocage, saisies et remises est un modèle d'escrime avec les jambes. Aucun n'est vraiment atteint par les attaques de l'autre car les deux ont une très bonne défense. Le combat n'en est que plus agréable à regarder. Propres et réfléchis dans leur boxe, les deux feront jeu égal et un très beau combat jusqu'au bout. Azize HLALI est déclaré vainqueur à l'unanimité des trois juges.
Interview d'Azize HLALI
- CHANGPUEK bat Morgan ADRAR à l'unanimité des juges
Morgan ADRAR et CHANGPUEK vont se chercher pendant deux rounds avant de clairement entrer dans la danse. Dans le troisième round le Thaï se fait dangereux en anglaise et le Français fimeuu. Mais aucune réelle opportunité n'est exploitée ni par l'un ni par l'autre. Sur la fin du combat les deux nak muay se découvrent un peu plus et chacun touche l'autre, notamment en anglaise, sans jamais en profiter pour prendre l'ascendant. Les phases de corps à corps restent lettres mortes et le combat fini sur une note moins relevée que les précédents combats.
Interview de Morgan ADRAR
- Samy SANA bat Raphaël LLODRA à l'unanimité des juges
On l'attendait depuis un an ce combat ! Et bien nous en a pris de patienter autant car dès les premiers échanges les deux nak muay vont faire chauffer la salle à bloc, s'envoyant plein pot leurs armes respectives. Et quelle surprise de voir Samy SANA envoyer des high kicks ! Et pas dans le vide s'il vous plait. La stratégie de Samy SANA est simple et logique : ne pas laisser s'exprimer le rouleau compresseur de Bonneuil. Confiant et varié dans sa boxe, le nak muay du Phénix Paris 13 ne s'appuie pas que sur son anglaise ce soir et il nous sort tout le panel technique (visiblement bien révisé au camp de Youssef BOUGHANEM à Pattaya) avec envie et créativité. Raphael LLODRA, au départ aussi rugueux dans les échanges, va peu à peu être surpris dans le second round par une boxe qui allie aussi bien travail en crochets larges à distance que genoux directs en contre, avec de bons coudes de Samy SANA perforant à plusieurs reprises la garde du Bonneuillois. Mais Raphael LLODRA encaisse bien et fait parler le cardio, avançant sans cesse il s'empale à plusieurs reprises sur les genoux directs de Samy SANA, mais qu'à cela ne tienne, lui cherche maintenant l'anglaise qu'il envoie avec de larges crochets. Suivent de près les coudes ! Mais SANA envoie ses genoux ! Un, deux, cinq d'affilées ! Les deux ne lâchent rien, les deux titubent de plus en plus, chacun touche l'autre en anglaise, en coudes, le combat ne faiblit pas en intensité jusqu'à l'appel du dernier round.
Raphaël LLODRA touche à plusieurs reprises Samy SANA en anglaise mais ce dernier ne flanche pas. Il envoie ses genoux sans relâche, repousse les assauts de Rapahel LLODRA et compose plus. Bien qu'ouvert au front en toute fin du 4ème round, jusqu'à la fin du combat Raphaël LLODRA avancera corps et âmes sur son adversaire mais ne trouvera pas la faille. Ce combat est sans conteste le plus beau que chacun des deux nak muay ait pu livrer dans leur carrière respective. Samy SANA l'emporte à l'unanimité des juges.
Interview de Samy SANA
- Bobo SACKO bat MANASAK Sitniwat à l'unanimité des juges
MANASAK ne semble pas être impressionné pour son premier combat hors de Thaïlande. Très calme, il attend et étudie la boxe du Français, cherchant logiquement à toucher en high kick jambe arrière quand Bobo a tendance à baisser son poing gauche (les deux sont droitiers). MANASAK cherche aussi les balayages et repousse de temps à autres par de bons teeps, cherchant aussi à sortir de la garde du Français pour ne pas se faire piéger par un nak muay fimeuu, même si les attaques de Bobo SACKO ne percute pas beaucoup. C'est à partir du troisième round que le Français commence à toucher, notamment en anglaise, et à véritablement cadrer le Thaï qui, il est vrai, s'est jusque là montré assez avare en attaques. Ce dernier attend et subit la boxe d'un Bobo SACKO actif, certes, mais pas aussi mordant qu'on l'aurait souhaité. L'affrontement, sans virer à la démonstration, est de bout en bout à l'avantage du Français qui l'emporte à l'unanimité des trois juges.
Interview de Bobo SACKO
- Yassine BOUGHANEM bat Thomas ALIZIER à l'unanimité des juges
Yassine BOUGHANEM a un nom et une réputation qui le précèdent de loin à la Halle Carpentier. Présenté par certains comme un des tous meilleurs poids lourds de sa génération, il reste méconnu en France et fait ce soir sa première sortie sur le territoire. Le Belge est super à l'aise sur le ring, et pour cause, il doit être habitué à rencontrer des adversaires bien plus grands que lui. Bien plus puissants ? Certainement pas. Ne rencontrant personne à son poids au Royaume du Siam où il évolue, on a longtemps douté de ses capacités à tenir la dragée haute face à de vrais poids lourds comme lui. Et force est de constater que nous avions tort. On sent tout de suite qu'avec ses énormes cuisses il doit envoyer des middles très douloureux à réceptionner, et vue la vitesse avec laquelle il les sert, et surtout avec combien de métier il sait choisir le bon timing pour venir frapper les côtes de Thomas ALIZIER, on comprend que ce nak muay n'est pas une farce. Le Fat Boy de Pattaya nous fait une démonstration de Muay ce soir aux dépens du Champion d'Europe ISKA. Tout lui est servi : coups de coudes directs et descendants, middles en pleines côtes, balayages incessants, Yassine BOUGHANEM ravit un public pourtant acquis à la cause de Thomas ALIZIER. Ce dernier subit plus qu'il ne propose, cherche le travail à mi distance en anglaise mais resté piégé entre les coudes destructeurs du Belge et ses jambes puissantes. Au fil du combat, Thomas ALIZIER prend peu à peu le cadrage à son compte, trouvant la boxe qui gêne le mieux le vieux briscard des rings que semble être Yassine BOUGHANEM, basée sur une anglaise en crochets larges et en directs. Mais Yassine BOUHANEM accroche, gêne en corps à corps et projette, projette, projette, systématiquement. Il se joue du Français et le taquine sur la fin, esquivant, se baladant sur le ring et repoussant les assauts d'un ALIZIER trop tardif à démarrer. Well done !
Interview de Thomas ALIZIER
Interview de Yassine BOUGHANEM
- Jimmy VIENOT bat Guimba COULIBALY par TKO (3 knock down) dans la troisième reprise
Jimmy VIENOT va faire subir à Guimba COULIBALY une épreuve physique intense. Plus large et un poil plus grand, le Montpelliérain va dominer de pied en cape son adversaire et sur tous les fronts : à distance il lui envoie en middles les missiles qu'on lui connait, à mi distance ses crochets larges font mouche presque à chaque fois et en corps à corps c'est peu dire qu'il va faire plier son adversaire, favorisant les coudes qu'il envoie par volées. SI Guimba COULIBALY a le malheur d'avoir les jambes trop rapprochées il est fauché par une jambe arrière, généreuse ce soir. Le pauvre Guimba COULIBALY grimacera à chaque chute, prendra sur lui longtemps, tenant bon durant deux rounds, gênant autant qu'il le pourra le Montpelliérain. Mais ce dernier, depuis son début de saison difficile, a visiblement mis les bouchées doubles ces derniers mois pour revenir au seuil d'un très haut niveau hexagonal et international, et ses prestations sur le ring en témoigne. Ce soir une fois de plus. Il touche Guimba COULIBALY sur un énième coude bien appuyé au menton, ce dernier tombe et est compté. Jimmy VIENOT y retourne, affamé, cherchant à tout prix le corps à corps et les coudes, et faisant compté son adversaire une deuxième et une troisième fois, de sorte que l'arbitre met un terme au combat. Dur !
Interview de Jimmy VIENOT
- Anthony DEFRETIN bat Itay GUYER à l'unanimité des juges
Oh qu'il est chaud d'entrée de jeu ce combat entre Itay GUYER et Anthony DEFRETIN ! L'Israëlien a des faux airs de Thaï dans sa boxe, la garde bien écartée, hochant la tête continuellement, prêt à saisir les middles ou à sortir les coudes. Et bien c'est Anthony DEFRETIN qui fait claquer sa boxe le premier, toute en middles fusant et en blocages de qualité (c'est rare ces derniers temps), il balaye dès que l'occasion se présente, sort les coudes de belle manière et esquive les high kick sans jamais se défaire d'un léger rictus souriant. Itay GUYER se montre quant à lui dangereux avec son bras arrière qu'il envoie bien en direct, touchant à deux reprises le Français, mais il n'est dans l'ensemble pas ménagé par Anthony DEFRETIN qui envoie middles sur middles, rougissant de plus en plus le ventre de l'Israëlien, et qui nous déploie du très beau Muay. À l'aise sur le ring comme s'il ne l'avait jamais quitté, DEFRETIN va déployer une boxe dure, souple, créative et inspirée. L'épreuve est rude pour Itay GUYER, lessivé par un raz de marée technique : middle - esquive - coup de coude retourné - genou - ça fuse dans tous les sens ! Mais le coin du Phénix se méfie, "lève ta garde" crient-ils à leur nak muay, tandis que ce dernier, bien que prenant quelques marrons au menton, nous livre un festival d'enchaînements sortis d'une encyclopédie du Muay. Il place des coups de coudes retournés en sorties d'esquive, s'amuse de l'acharnement de son adversaire à chercher l'anglaise et lui resservant le couvert derrière, et de quelle manière ! Les troisième et quatrième round sont de toute beauté ! Et Itay GUYER ne lâche rien ! Il avance sans cesse, cherche cette faille qui ne veut pas s'ouvrir dans la garde du Français. Dans la dernière reprise, il parvient enfin à malmener Anthony DEFRETIN, il fait valser celui-ci en anglaise mais le Parisien est solide, il tient bon et repart de plus belle, finissant le combat sur ses bons acquis de départ, des jambes qui n'en finissent pas de sortir. Une superbe démonstration de Muay Thaï donnée par un prodige qui nous promet pour l'avenir encore de belles prestations on l'espère.
Interview d'Anthony DEFRETIN
En "combat de démonstration" (à la FFKMDA il n'y a pas d'assaut mais des démonstrations (quoi qu'il se passe il n'y a pas de vainqueur à la fin) en deux round d'1 min) nous avons pu voir sur le ring une promesse pour le Muay dont on parle déjà beaucoup pour ses 7 ans, plus connu sous le nom de Kamron Sor Mahmoudi Gym, Kamron DIMATA faisait son quatrième combat sur un ring hexagonal (après un certain nombre de combats à l'étranger) face au petit Walid BOUDA de Drancy. On a senti chez le très jeune Kamron une belle maîtrise des balayages, des feintes et des attaques en coudes. En face, Walid attaquait sans relâche en middles et en anglaise, les deux écoutant bien leur coin respectif et chacun donnant tout dans un combat propre et fair play. Bravo les futures stars !
Photos de Romain DEVOISE