Cyril GANE, nouvel homme fort chez les poids-lourds
Par Julien LANCHAS le mardi 27 juin 2017
En une saison, le double champion de France Cyril GANE s'est indéniablement positionné comme l'un des tous meilleurs poids-lourds du muaythai français. A 27 ans, le boxeur du Puteaux Scorp' Thai est armé d'une ferme intention de réussir et a assurément les qualités pour. Voici son portrait.

Cyril passe alors à trois entrainements par semaine. Au bout de six mois, il fait son premier combat en classe C, au SHOW THAI, il gagne aux points. Pas de temps à perdre, il passe directement en classe B et gagne tous ses combats dont celui (par KO) qui le consacrera champion de France semi-pro. Lorsqu'il passe ensuite en classe A, là non plus il ne connaitra jamais la défaite. Son premier combat est pour le titre de champion de France AFMT. Il bat Jérémy JEANNE en l'ouvrant avec un coup de coude. "J'étais content d'avoir la ceinture autour de la taille. Mais pour moi ce n'était pas du tout une fin en soi, je n'avais pas forcément beaucoup de mérite en gagnant le titre avec un seul combat. Ce n'était que le début, je voulais en faire encore plus."
L'année suivante (cette saison), il se relance dans les championnats de France, "pour confirmer". En finale, il rencontre Jonathan GENGOUL, qu'il avait battu par KO en classe B. Même sanction, il impose un nouveau KO à son adversaire, avec un magnifique high kick jambe avant.
"L'année prochaine je n'y retournerai pas non, sauf si je n'ai aucune proposition de combats, mais ça m'étonnerait, je vais avoir de belles propositions ! J'ai gagné deux fois, les gens ne peuvent pas dire le contraire, je suis champion."
En plus de ses trois ceintures de champion de France, Cyril possède aussi de grosses victoires contre de sacrés clients. La plus parlante est assurément celle face à Brice GUIDON, par KO là aussi. C'était lors de la dernière NUIT DES TITANS à Tours, c'était seulement le neuvième combat de Cyril, toutes classes confondues !
"C'est clairement la plus grosse opportunité qu'on m'a proposée jusqu'ici. Je me souviens, j'étais avec mon amie pour un un tour d'Asie qu'on avait prévu sur plusieurs mois. Et ben je suis parti direct, je l'ai laissée toute seule (rires) ! Comme on avait loué notre appartement, j'étais en mode manouche, à dormir à droite, à gauche (rires)."
En pro, Cyril a battu aussi Bangaly KEITA avant la limite.
Son seul combat gagné à la décision est celui contre Samih BACHAR. "C'était mon premier challenge, à petite échelle. Samih a quand même un beau parcours derrière lui. On m'avait appelé 48h avant pour l'affronter mais je suis toujours préparé comme si j'allais combattre le lendemain. Il m'a vraiment fait chier avec sa boxe ! J'étais un peu trop focus sur son anglaise, je n'ai pas très très bien boxé. Je suis le genre à rentrer dedans, à mettre beaucoup d'intensité, là c'était différent. On a boxé en marquant nos points, un style de combat que je n'avais jamais fait auparavant, c'était un bon apprentissage."
Les boxeurs poids lourds ne sont pas légion en muaythai. Les oppositions excitantes pou Cyril sont maintenant évidentes.
"J'aimerais bien ce fameux Yassine BOUGHANEM. On devait se boxer au dernier WARRIORS NIGHT. C'était validé mais il a finalement décliné parce que les conditions n'étaient pas bonnes avec le promoteur. Dommage. C'est quelqu'un qui est en place, beaucoup l'estiment. Il a une grosse image, il pèse médiatiquement tout comme en terme de palmarès. Oui, il est très fort, très technique. Après Brice GUIDON, si j'avais eu BOUGHANEM en plus de ma ceinture, ça aurait fait une saison royale ! Ça se fera je pense, il est obligé, beaucoup de gens en parlent."
On ne peut aussi évidemment pas parler des poids-lourds sans évoquer Patrice QUARTERON. "QUARTERON, pour faire le buzz il est très très fort, respect pour ça même si c'est quelque chose que je ne pourrais pas faire. En tout cas, lui il l'assume et ça lui réussit. Dans un sport où franchement personne n'est connu, QUARTERON on en parle, même ceux qui ne connaissent rien à ce sport. Après, en terme de boxe, il sait faire mal mais ce n'est pas joli. Ça ne me ferait pas du tout peur de le rencontrer, je l'accepterai. Honnêtement, je pense avoir mes chances contre n'importe qui, y compris QUARTERON."
Immanquablement, s'il veut combattre régulièrement, Cyril va devoir se tourner vers le K1, comme tout poids-lourd qui se respecte. "Si j'ai envie de vivre de ce que je fais, vu qu'il n'y a pas grand monde en muay, le K1 est inévitable. Ça me plait aussi ! Ça débite plus. C'est juste un peu frustrant qu'il n'y ait plus de coudes, moi qui adore ça. Il faudra que je travaille. J'aimerais participer à des gros tournois, dans des grosses organisations… Pour être honnête, mon but c'est le GLORY. J'aurais commencé quatre ou cinq ans plus tôt, j'y serais peut-être déjà… Ce n'est pas être prétentieux de dire ça, j'ai été comme ça dans tous mes sports, je suis quelqu'un qui bosse et quand j'aime, j'y arrive. Même au basket, j'aurais pu faire une carrière si j'avais accepté les propositions des clubs formateurs. Mais avec le taf que je faisais, je bossais tous les week ends, les sports co' n'étaient pas trop possibles pour moi."
Aujourd'hui, Cyril ne travaille plus, il était conseiller-vendeur en meubles haut de gamme et a été licencié économiquement, ce qui au final est arrivé comme une bonne nouvelle. "J'avais des horaires de fou, je travaillais tous les week-end. Des fois, quand j'avais un combat, pour la pesée je venais me peser en scred', et hop je retournais vite fait au travail (rires) !"
Cyril se consacre donc aujourd'hui totalement à la boxe, dans une configuration la plus professionnelle possible. "Je m'entraine tous les jours même si j'habite toujours aussi loin (à Vincennes maintenant, deux heures aller-retour). Les gens pètent un câble, il me disent "Ouah, t'es motivé !" Maintenant c'est vraiment mon métier. Je fais aussi un peu de coaching à côté pour les sous, un peu de livraison aussi. En mode débrouillardise quoi, quelques billets par-ci par-là. Je ne me pleins pas, il y a pire que moi. Quand je serai vraiment bien, c'est quand j'arriverai à vivre deux mois avec une prime de combat."
Celui qui croit en lui, c'est évidemment son coach Xavier SEVERIN. "Xav, il me donne de la discipline. Il est toujours là à me cadrer, comme avec une baguette, toujours là pour me faire charbonner, à me taper les fesses (rires). Si je ne viens pas à l'entrainement, tu peux être sûr qu'il va m'envoyer un texto "Alors t'étais pas là hier !" Il y a eu des fois où je ne pouvais pas aller à l'entrainement, je lui envoyais des vidéos pour lui montrer que je compensais avec une séance dans mon garage (rires). Je ne l'appelle jamais Xav' comme tout le mode, mais "Coach" ! En dehors de s'occuper de ses poulains, il fait beaucoup pour le muaythai, respect à lui pour ça, il n'y aurait que des gens comme ça, le muay avancerait bien plus. A ses côtés, il y aussi Sebastien ELPHEGE et Antoun MAROUNE. Ainsi que Redouane AMEUR que j'appelle "Padre". Lui, je lui demande des conseils plus sur ce qui concerne l'émotionnel, genre en rapport avec le stress ou autre. Il a plus d'expérience, ça se complète bien."
Le Puteaux Scorp Thai, c'est indéniable, a une belle génération de boxeurs actuellement : Cyril GANE donc, un des meilleurs poids-lourds, mais aussi Nora CORNOLLE, numéro 1 de sa catégorie, et Dany NJIBA, qui est dans le haut du panier chez les 70kg. "Dany c'est un exemple, il charbonne trop presque ! Lui a toujours cru en moi. Lors de mon premier combat, on entendait que lui, il criait comme un fou, avec son phrasé inimitable (rires) !"

On a vraiment hâte de voir Cyril face à grands noms, que ce soit en France ou à l'international. On lui a récemment proposé un combat au Maroc face Jamal BEN SADDIK, classé quatrième au ranking du GLORY. Mais avec une prime exagérément basse pour affronter un boxeur de ce calibre, Cyril et sa team n'ont pas donné suite.
Pour l'heure, Cyril va partir un peu en vacances, en attendant de voir si les propositions qu'on lui a faites pour la rentrée vont aboutir. D'ici là, il aimerait prendre un peu de poids, passer de 103 kg à 108-109. Car il sait que si son objectif de boxer au GLORY se réalise, chaque kilo sera important face à des champions tels que Rico VERHOEVEN ou Benjamin ADEGBUYI !